Exposition des gravures de Jean-Pierre Lécuyer à la bibliothèque BMI d’Épinal
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Lors de notre visite de l’exposition de Jean-Pierre Lécuyer à la bibliothèque, nous avons eu le plaisir de revoir l’artiste en personne. Nous ne nous étions plus croisés depuis 2004 (il y a presque vingt ans!), date à laquelle je faisais partie en tant que présidente de la toute jeune association Pigment’T. La première exposition que nous avions organisée était celle des gravures sur bois de… Jean-Pierre Lécuyer (c.f. photo ci-dessous).
EXPOSITION « DU COQ À L’ÂNE », Le Bestiaire de Jean-Pierre LÉCUYER. À la BMI, Bibliothèque Intercommunale d’Épinal du 13 septembre au 22 octobre 2023.
Pour le décrire rapidement, Jean-Pierre Lécuyer est un graveur vosgien né à Épinal en 1940 et spécialisé dans la création d’images en gravure sur bois. Il a aussi chez lui un atelier de typographie à l’ancienne (caractères mobiles au plomb). En plus de son travail d’enseignant et d’artiste, c’est avec l’association Xylon qu’il a organisé des expositions regroupant les graveurs sur bois au niveau international et ce pendant cinquante ans. Faute de bénévoles pour reprendre le flambeau, l’association s’est arrêtée. Mais du haut de ses 83 ans, Jean-Pierre Lécuyer est toujours actif et prépare déjà une prochaine exposition. Toujours connecté à la nature et en constant mouvement, le graveur vit depuis peu à Plombières-Les-Bains. L’artiste, au cœur de la nature, écoute les oiseaux et voit bien d’autres animaux passer devant sa maison située en hauteur, à flanc de colline.
Le graveur possède des clichés typographiques de collection comme celui du camembert St-Hubert ayant pour illustration la première vache hilare dessinée par Benjamin Rabier et qu’il a réutilisé dans sa planche « Hommage à Benjamin Rabier ».
Site Internet de la BMI, le Réseau de la Communauté d’Agglomération d’Épinal https://bmi.agglo-epinal.fr/
Pour découvrir les gravures de Jean-Pierre Lécuyer plus en détail https://galeries.limedia.fr/expositions/du-coq-a-lane-le-bestiaire-de-jean-pierre-lecuyer/
DISCUSSION « DU COQ À L’ÂNE » À L’ATELIER
Comme on discutait et que le temps filait, nous sommes allés casser la croûte du temps de midi à l’Atelier Kitchen Print.
Jean-Pierre est un graveur et narrateur formidable. Il a aussi évoqué un instant sa jeunesse à Épinal. La ville était triste et endormie durant sa jeunesse, « c’était la grisaille » raconte le graveur. Son grand-père était architecte et travaillait pour la construction de belles maisons pour les bourgeois mais il est resté locataire toute sa vie. Jean-Pierre Lécuyer a connu la guerre par deux fois. Il cite (entre autre) la fois où son grand frère âgé de 8 ans l’avait pris courageusement sur son dos (Jean-Pierre avait alors 4 ans) pour fuir les bombes qui tombaient sur la gare et ses alentours, et de se réfugier à l’abri A60 rue des Minimes. Il nous a raconté aussi la fois où il a été pourchassé par un troupeau d’éléphants en furie dans le parc du cours à Épinal et où il a failli se noyer dans la Moselle* pour leur échapper. C’était les éléphants du cirque qui avaient pris peur lors de la grande parade dans la ville…
*Nom du cours d’eau traversant la ville et bordant le parc du Cours.
Jean-Pierre Lécuyer nous a aimablement offert un leporello qui était en exposition à la BMI d’Épinal. Il est numéroté et signé imprimé à 30 exemplaires intitulé : Du Coq à l’Âne. Il a été réalisé en collaboration avec le poète vosgien Gérard Lecomte.
Les animaux reviennent de manière récurrente dans le travail artistique de Jean-Pierre Lécuyer. On peut noter que par un hasard heureux, le nom de famille de l’artiste: « Lécuyer » évoque un animal, ici en l’occurrence un cheval. 🙂 Dans son dernier leporello « Du Coq à l’Âne », il évoque les histoires du Chien de Montargis qui, ayant vengé son maître d’envahisseurs, est devenu l’emblème de la ville ou encore celle de l’histoire de l’âne d’or de Apulée. Alors que je lui montrais mon travail imprimé à l’atelier, il a aimé y voir la présence du Hohneck* qu’il m’a confié aimer tant et il tout de suite reconnu la silhouette étrange du lynx sur une de mes estampes. Chose rare, il a eu la chance d’en croiser un jour dans les Vosges. On sait que cet animal est très discret et qu’il est actuellement en voie de disparition.
*Le Hohneck est le nom d’un sommet, le point culminant du département des Vosges.
Pour clore cette rencontre, nous lui avons montré une ancienne revue achetée en brocante et en lien avec un autre graveur spinalien nommé André Jacquemin (né en 1904 à Épinal – mort à Paris en 1992). Jean-Pierre Lécuyer a bien connu André Jacquemin qui était un de ses amis et avec qui il lui est arrivé de faire de grandes marches dans la montagne. En plus d’être artiste, André Jacquemin a été conservateur du Musée départemental des Vosges (actuellement MUDAAC).
Il s’agit ici d’une ancienne brochure du « Festival des Images » datant de 1957 et imprimée tout en typographie à l’intérieur (textes au plomb et clichés typo’ pour les images). En feuilletant la revue, Jean-Pierre Lécuyer, en bon typographe, a immédiatement reconnu le caractère nommé « Vendôme ». Il nous a dit que c’était une police très appréciée par André Jacquemin. Ce dernier avait supervisé la revue comme directeur artistique et avait illustré une des pages.
Image d’André Jacquemin illustrant une des pages de la revue « Festival des Images de 1957 » avec une vue de la plaine vosgienne, on y voit le village de Saint-Vallier, situé non loin d’Épinal (entre Charmes et Épinal).
La police Vendôme a été créée en 1952 par l’artiste français François Ganeau sous la direction de Roger Excoffon. Elle appartient à la famille des Garaldes (ou Elzévirs) se caractérisant par un empattement triangulaire et des pleins & déliés prononcés. La police Vendôme était donc un caractère tout neuf et vraisemblablement en vogue à l’époque de l’édition de la revue du Festival des Images à Épinal.
Lien informations « Vendôme » sur Wikipédia. / Lien infos André Jacquemin sur Wikipédia.
merci ce bel article si bien documenté – quelle chance de pouvoir échanger avec un tel artiste
c’est toujours un plaisir de te lire
et si tu reviens sur Paris … préviens plus tot que nous puissions nous revoir !
amicalement
Bonjour Sylvie, merci. Vraiment heureuse de pouvoir partager ces bons moments entre graveurs et avec les graveurs. Pour Paris, hélas je fais « souvent toujours » au dernier moment.
Bonjour, muy bueno el artículo con la obra de J. P. Lécuyer , encuentro, cuánto hay en las técnicas de impresión, y la referencia a la fuente Vendome, es tan poco a veces lo que pueden necesitar éstas técnicas, merci!
Muchas gracias Pablo. Sí, efectivamente, la fuente Vendome se está moviendo. ¡Cuando se piensa que en aquella época todavía se fundían las letras con plomo! / Merci Pablo. Oui en effet la police de caractere vendome est émouvante. quand on pense qu’à cette époque on fondait encore les lettres en plomb !