Retour sur un stage d’été dédié à la Kitchen Litho et à l’eau-forte
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Claire est art-thérapeute dans un hôpital à Paris et les arts plastiques font partie de sa spécialité pour soigner ses patients. Elle est venue à l’atelier pour se former dans le domaine de l’estampe et plus particulièrement en Kitchen lithographie et à l’eau forte.
Nous avons fait deux jours de Kitchen lithographie durant lesquels elle a pu apprendre à « domestiquer la lithographie », pour apprendre les bons gestes, les bons réflexes pour travailler proprement et tenir sa matrice tout le long du tirage. Elle dessiné au crayon et au feutre sur des feuilles d’aluminium et appris à décomposer son dessin pour l’imprimer en deux couleurs. En plusieurs jours, il est possible d’aborder l’impression en bichromie, même si c’est tout de même un peu « cavalier » en réalité. En effet, il est préférable de respecter un temps de séchage de la couleur de 48h à 72h avant d’imprimer la couleur suivante pour un tirage ; cela évite des problèmes de taches, d’empattements des traits, de salir la nouvelle couleur etc.
Lors du troisième jour de stage, nous avons abordé l’eau forte au trait sur métal avec la technique du vernis à la cire de soja; la technique est expliquée en détail dans mon manuel intitulé « La Gravure Simple » (librairie en ligne ici). Le verni de cire de soja présente différents intérêts dont ceux par exemple de sa solvabilité sous l’action de la chaleur. Ce verni n’est pas parfait, il faut apprendre à l’appliquer correctement mais il est sans odeur et agréable à utiliser… Chaque technique a ses avantages et ses inconvénients. Cette technique DIY est idéale pour s’initier et n’empêche pas l’approfondissement du dessin une fois que l’on maîtrise davantage la matière.
De la même manière que les jours précédents avec la technique de la kitchen lithographie, Claire est partie d’un des croquis tirés de son carnet de dessin, ici un panier de crabes. Elle a appris à reporter son dessin et à le graver à l’eau forte avec une pointe sèche. Elle a imprimé un premier état (matrice en photo ci-dessous), puis elle a re-verni pour élargir certains traits et mettre les yeux des crabes en noir… (C.F. dernière photo).
Le cours particulier a permis à Claire de régler également le problème de l’essuyage de la matrice pour acquérir les bons gestes, les bonnes étapes pour essuyer et paumer sa plaque de la manière la plus juste possible. Souvent, le problème des personnes sans formation à l’essuyage réside dans un manque de méthode, de plus, ils essuyent souvent mal et trop fort dès le début du travail si bien que des manques apparaissent. Bref, l’essuyage : c’est tout un art en soi !
Nous n’avons pas eu le temps de préparer les biseaux, parfois cela est essentiel pour la mise en valeur de la gravure d’avoir des bords de plaque impeccables ; en effet des taches noires impromptues aux bords de la plaque peuvent perturber la contemplation de l’image surtout lorsqu’un dessin est gravé finement par exemple…
Finalement, que ce soit en lithographie ou en gravure, la phase de l’encrage est un élément fondamental à ne pas négliger si on souhaite dépasser le stade du monotype et s’engager dans un tirage avec des épreuves similaires pour le plus grand plaisir de ses amis et ses clients. Le processus de création de matrices est long et si l’image obtenue est bonne, on l’imprime en plusieurs exemplaires qui seront en général numérotés, signés ; puis une partie pourra être gardée, vendue et offerte en cadeau. Car la raison de l’estampe : c’est la production en série d’images de haute qualité sur un beau papier.
Bien sûr, les techniques de l’estampes offrent des possibilités infinies d’effets dans la création et l’encrage des images, une vie d’expérimentation n’y suffirait pas. L’objectif de mes stages sur deux ou trois jours est de former au « solfège » de l’estampe en général, même avec les techniques la Kitchen Litho – Gravure qui ne sont pas orthodoxes : il y a quand même des choses à savoir et à savoir-faire. Il s’agit de transmettre les clés pour que chacun puisse ensuite tracer sa voie en évitant trop d’écueils inutiles et chronophages.